À l’heure où les considérations écologiques prennent de la voix et où le bien-être urbain devient une préoccupation de tous les instants, est-il possible d’améliorer son taux de service tout en pensant plus vert ? La livraison à vélo peut s’avérer être LA solution.
Le dernier kilomètre, un sujet fâcheux
Se faire livrer par camion reste aujourd’hui la norme, que ce soit à la campagne, en ville, ou à la montagne. S’il n’est pas question de remettre en cause son utilité, la problématique est réelle lorsque nous abordons la notion du dernier kilomètre.
Le dernier kilomètre fait référence à la dernière étape de livraison d’un produit, de l’entrepôt jusqu’au domicile du consommateur final. Cette étape est généralement la plus coûteuse de la chaîne de distribution (pour des raisons logistiques), mais aussi l’une des étapes qui participe le plus à la pollution puisqu’elle représente à elle seule 20% du trafic urbain.
Faudrait-il alors sacrifier la livraison en camion au bénéfice de la livraison à vélo ? Le ratio semble dérisoire, pourtant, 42% des produits livrés seraient en fait des marchandises légères qui pourraient être livrées autrement que par camion. Lorsque l’on sait qu’un vélo cargo peut transporter jusqu’à 300 kg de marchandises, l’idée d’utiliser ce transport séduit donc de plus en plus les entreprises, qui voient en ce mode de livraison peu banal, le moyen de faire des économies sans précédent. A titre d’exemple, DHL express a implanté cette logistique dès 2017 dans 14 villes françaises (Paris, Lyon, Strasbourg…). L’entreprise de transport envisagerait aussi de remplacer 70% de sa flotte de livraison par des solutions propres d’ici 2025.
Et puis, le covid est passé par là. Si certains pans de l’économie ont été paralysés, ce n’est pas le cas du e-commerce, qui a vu bondir le nombre de ses livraisons, provoquant progressivement des embouteillages incessants dans les centre-villes, et mettant à rude épreuve la qualité de l’air dans les grandes villes. Sans surprise, l’année 2020 a donc été l’année des records pour la cyclo-logistique : 11 000 vélos cargos ont été vendus, soit deux fois plus qu’en 2019.
La livraison à vélo, un atout de “taille” pour décongestionner les villes
L’annoncer semble certainement évident, mais le vélo est très peu concerné par les problématiques liées au trafic automobile puisqu’il est autorisé à circuler dans les zones normalement interdites aux véhicules motorisés (rues étroites, zones piétonnes…). Le vélo est donc plus rapide, plus fiable, et permet de garantir un créneau exact au client.
D’un point de vue social, le vélo est un promoteur d’emploi car aucun permis n’est requis pour l’utiliser. Par la même occasion, il concourt à une meilleure qualité de vie puisqu’il ne génère aucune pollution thermique et sonore.
Les avantages ne s’arrêtent pas là : le vélo implique aussi des coûts moins élevés qu’un véhicule motorisé. Il coûte en effet moins cher à l’achat, nécessite peu d’entretien, et peut se garer presque partout sans avoir à payer de place de parking.
N’oublions pas non plus que les grands groupes doivent se conformer aux traités et aux lois qui instituent la RSE (responsabilité sociale et environnementale), et doivent par conséquent rechercher le moyen de diminuer leur empreinte carbone.
Aujourd’hui, elles sont par ailleurs soumises à l’obligation d’établir un bilan carbone ou bilan d’émission de gaz à effets de serre (BEGES) tous les 4 ans, sous peine d’une amende de 10 000 euros. Investir dans le vélo en centre-ville pourrait donc apparaître comme un bon atout puisque cela leur permettrait de respecter les principes environnementaux tout en mettant en valeur l’image de la marque.
La voirie urbaine en pleine évolution
Pour tenter de répondre au problème de la pollution urbaine, nombreuses sont les communes à avoir posé des restrictions afin d’endiguer ce phénomène. Depuis quelques années, certaines mairies font la guerre aux véhicules polluants dans les centres-villes en mettant en place la circulation alternée, ou bien tout simplement en interdisant leur circulation.
Pour prendre l’exemple de Paris, en 2016, la mairie a initié un PLU (plan local d’urbanisme) avec l’objectif d’assurer une transition vers des solutions plus propres, en créant des “espaces de logistique urbaine de proximité”.
Comme ailleurs en Europe (Pays-Bas, Belgique…), la ville a l’ambition de construire près de la porte de Pantin, un mini “hub” de livraison en plein centre-ville (comprenez un site de livraison en triporteurs électriques de 1000m3). Si les vélos cargos évoluent progressivement en ville, c’est aussi parce que de plus en plus de rues se sont adaptées aux nouveaux usages (comme la rue de Rivoli qui n’est accessible plus qu’aux vélos et aux piétons)
Même si l’ère est aux changements, notre fonctionnement actuel ne peut pas être bouleversé par de simples projets d’avenir. En réalité, l’espace public est aujourd’hui jalousement disputé par les usagers. A l’heure où toutes les villes ne sont pas entièrement équipées d’aménagements adéquats, les vélos-cargos doivent encore jouer des coudes pour se faufiler dans la circulation parfois dense et pour stationner sur des voies déjà saturées par le manque de place. Le changement n’est encore pas pour tout de suite, mais espérons qu’il le soit bientôt.